« Continuer à exister comme un être qu’on dirait humain ».
Entretien de G. Poix avec P. Schoentjes sur les droits humains et la justice environnementale
In het kader van de Mensenrechtenweek georganiseerd door het UGent Human Rights Research Network gaat Pierre Schoentjes in gesprek met de Franse schrijver Guillaume Poix, in wiens oeuvre mensenrechten een centrale plaats krijgen. Ze komen in zijn theaterstukken en romans aan bod aan de hand van verschillende problematieken, zoals het Zuid-Afrikaanse fenomeen van collectieve verkrachting als “bekering” van homoseksuele vrouwen (Straight), de sociale impact en vervuilende effecten van stortplaatsen voor elektronisch afval op het Afrikaanse continent (Les Fils conducteurs), en de vluchtelingenproblematiek in Frankrijk, El Salvador, Somalië en de Verenigde Staten en de daaruit voortkomende extreemrechtse discours (Là d’où je viens a disparu). In dit interview heeft Guillaume Poix het over de documentatie die aan de grond ligt van de verbeelding van mensenrechten in zijn oeuvre, de manier waarop fictie ons inzicht geeft in het leven van de “ander”, de zoektocht naar een geschikte schrijfstijl om maatschappelijke problematieken aan te kaarten, literair engagement en de rol die literatuur kan spelen in het onder de aandacht brengen actuele thema’s zoals (schendingen van) de mensenrechten, de Noord-Zuid-welvaartskloof en ecologische problemen zoals bodemvervuiling en klimaatongelijkheid.
Dans le cadre de la Semaine des Droits de l’Homme organisée par le UGent Human Rights Research Network, Pierre Schoentjes s’entretient avec l’écrivain français Guillaume Poix, qui accorde, dans son œuvre, une place centrale aux droits humains. Dans ses pièces de théâtre et dans ses romans, il est question par exemple de la pratique sud-africaine du viol collectif comme « conversion » des femmes homosexuelles (Straight), de l’impact social et environnemental des décharges électroniques en Afrique (Les Fils conducteurs) ; son dernier ouvrage (Là d’où je viens a disparu) aborde notamment la problématique des réfugiés en France, au Salvador, en Somalie et aux États-Unis et évoque le discours d’extrême droite qui souvent s’y accompagne. Dans cet entretien, Guillaume Poix s’exprime sur le travail de documentation qui se trouve à la base de sa représentation des droits de l’homme, sur la façon dont la fiction nous permet d’accéder à la vie de « l’autre », sur la recherche d’un style d’écriture adapté au traitement des problèmatiques sociales, sur l’engagement littéraire et sur le rôle que la littérature peut jouer dans la sensibilisation autour de thèmes actuels tels que les (violations des) droits de l’homme, la fracture Nord-Sud et les problèmes écologiques comme la pollution des sols et les inégalités climatiques.
Nous publions également ici le texte de la conférence « Circonstances aggravantes » prononcée par Guillaume Poix en 2019 à Gand et que l’auteur lui-même introduit ainsi:
À l’invitation de Pierre Schoentjes et de l’École des Hautes Études de Gand, j’ai eu la joie de prononcer cette conférence le 10 octobre 2019. Dans le sillage de l’article que Pierre Schoentjes avait écrit sur mon premier roman, Les fils conducteurs (Verticales, 2017 ; Folio, 2019) pour la revue Critique, nous nous sommes rencontrés et avons échangé sur les questions liant la littérature et l’environnement, objet d’étude auquel Pierre Schoentjes a consacré une part importante de son travail de recherche. Se proposant d’explorer les ressorts de ma courte expérience de l’écriture (dramatique et romanesque) et tentant de mettre ce geste en perspective avec l’époque que nous vivons – la conférence a été écrite un an avant l’apparition de la pandémie de COVID-19 –, ce texte amorce un dialogue que nous avons eu la chance, avec Pierre Schoentjes, de poursuivre en décembre 2020 à l’occasion de la semaine des droits humains lors d’une rencontre virtuelle consultable en parallèle de ce texte .
Guillaume Poix – « Circonstances aggravantes »
« N’écrivant pas pour dire ce que je sais mais pour tenter de mesurer l’ampleur de tout ce qui m’échappe, j’aurais dû lui rétorquer qu’un voyage à Agbogbloshie, redoublant celui de l’écriture, m’aurait confisqué l’acte lui-même ; que, me déplaçant jusqu’au territoire de la fiction, j’en aurais fait un souvenir ; que la mémoire est une invention ; et que comme l’imaginaire, elle est faillible, lacunaire ; que l’authenticité d’une expérience ne présage pas de la vérité d’une écriture – diverses publications, chaque année, peuvent, je le crois, attester cela. Les voilà, donc mes circonstances aggravantes : écrire hors de moi. Et c’est vrai, je l’ai avoué : je tape, je frappe, je suis bel et bien hors de moi. »