Propos d’auteurs
La violence du corps : la nature à l’épreuve des sens. Entretien de Miruna Craciunescu avec Audrée Wilhelmy autour du Corps des bêtes
« Les personnages évoluent dans une société sans histoire, sans culture, sans loi, sans commerce, sans codes et sans institutions. Dans ce monde-là, les relations entre les personnages sont au plus près des rapports de force primitif, qui fait écho à celui des bêtes. »
Cultiver la convergence. Entretien d’André Bucher avec Davide Vago
« Il semble urgent d’imaginer d’autres récits et représentations du monde, d’autres interactions en redistribuant les rôles entre les êtres et leur milieu. C’est l’enjeu du vingt et unième siècle, la littérature doit selon moi y prendre part, tout en gardant à l’esprit que ces mêmes interactions peuvent conduire à l’affrontement. »
Pour une poétique écologique de la ville. Entretien de Ahmed Mahfoudh avec Thabette Ouali autour des « Jalousies de la rue Andalouse »
« Je dénonce la dégradation architecturale provoquée par le mauvais goût, au nom de l’intérêt matériel, et j’essaie de montrer le passé de ma ville, non d’un point de vue nostalgique et idyllique, mais le passé comme leçon au présent pour édifier la ville future. […] Le combat de la littérature tunisienne en faveur de l’environnement est une lutte pour la survie de la diversité culturelle. »
Écrire le vivant : l’imagination au défi de la science. Entretien de Christine Van Acker avec Riccardo Barontini autour de « La bête a bon dos »
« Au lieu de scier la branche sur laquelle nous vivons tous, il serait plus sensé de descendre de l’arbre au sommet duquel une certaine idée de l’évolution nous a maintenus pour aller palper la circulation de nos racines, à tous, animaux et végétaux. Il y a longtemps que les scientifiques ont abattu cet arbre. Quand on regarde le buisson du vivant, nous nous trouvons au bout de l’une de ses petites branches ; les autres sont occupées par des organismes invisibles à l’œil nu. »
Nuove geografie letterarie: Il camminare come atto di resistenza ecologica. Irene Cecchini dialoga con Wu Ming 2
« La conoscenza del territorio è la conoscenza delle sue forme di vita, dei suoi fili, dei suoi movimenti, che sola può permetterci di abitarlo rispettandoli, dialogando, adattando la nostra presenza a quel che già c’è, per non correre il rischio di fare il contrario: adattare l’altro a quel che noi siamo, impedendogli di essere altro ».
« La Malchimie » : De la littérature pour traiter la terre. Entretien de Gisèle Bienne avec Pierre Schoentjes
« Les ‘poisons’ contenus dans les pesticides de Bayer, Syngenta et Monsanto ont donc, pendant plusieurs décennies, agi lentement, sournoisement, sur l’organisme des hommes. Plus rapidement sur celui des insectes et des petits mammifères qui vont disparaître de ces terrains d’action puis de l’environnement. La pollution touche la terre, l’eau, l’air, le vivant. C’est d’une tristesse infinie. »
La littérature au service de l’animalisme, l’animalisme au service de la littérature. Échange entre Camille Brunel et Hannah Cornelus autour de « La Guérilla des animaux »
« Je n’aime pas l’idée d’une littérature qui se contente de divertir, probablement parce que c’est une posture que je trouve un peu hypocrite dans la mesure où on n’échappe jamais à sa petite propagande, même si on n’écrit que des haïkus […] l’animalisme est d’ores et déjà saturé de textes militants, tandis que la littérature est beaucoup plus timorée – peut-être parce que les écrivains ont tendance à revendiquer une forme d’apolitisme, par honnêteté ou par crainte de passer pour des idéologues. »
« Maldifiume »: Responsabilità narrativa e resistenza liquida. Irene Cecchini dialoga con Simona Baldanzi
« Potrai fare a meno di certi arti, ma le amputazioni hanno dei rischi e comunque nel territorio non può succedere: è molto più collegato del nostro corpo. »
Feminizing Wilderness Writing in the Anthropocene. An Exchange between Ida Olsen and Abi Andrews, Author of « The Word for Woman is Wilderness » (2018)
“There is still a dichotomy of human vs nature within ‘nature writing’, and writers that write about ‘nature’ are still largely male, white, middle class writers with specialist ‘naturalist’ knowledge. I don’t think we have time in our rapidly simplifying life-web to think that everything other than human is the domain of only ‘nature writers’ and their readers. Every writer is a nature writer now”